Présentation

UN ENJEU CENTRAL : INSCRIRE LA DIMENSION “CONNECTIVITÉ ÉCOLOGIQUE” DANS LES POLITIQUES DE CONSERVATION

La connectivité écologique représente le système circulatoire de la nature, le flux de processus naturels qui préserve la vie sur terre. Elle désigne des écosystèmes continus souvent reliés par des corridors écologiques afin de permettre aux espèces de se déplacer sans entrave.

Les corridors écologiques, aussi connus sous le nom de “trame verte et bleue”, visent à « maintenir et reconstituer un réseau d’échanges pour que les espèces animales et végétales puissent, comme l’homme, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer… et assurer ainsi leur cycle de vie ».  On les définit comme « un espace géographique clairement identifié qui est régi et géré à long terme dans le but de maintenir ou de restaurer une connectivité écologique efficace ». En assurant la connexion des terres  et des mers, ils complètent le panel d’outils au service de la protection des espaces naturels déjà existant (parc nationaux, parc naturels marins, réserves naturelles,  etc). La connectivité écologique est donc l’une des réponses d’adaptation les plus importantes pour assurer la résilience des  espèces et des écosystèmes.  

Dans un contexte inédit de pertes de biodiversité  au niveau mondial, à un rythme sans précédent,  accélérées par les effets du changement climatique, la dernière conférence sur la biodiversité  (COP15) de décembre 2022 s’est avérée être une  étape cruciale dans la définition d’un cadre ambitieux pour la protection des écosystèmes. Le cadre Kunming-Montréal qui en résulte met  l’accent sur la contribution fondamentale de la  connectivité écologique au bon fonctionnement  des écosystèmes et des espèces en l’incluant dans  un certain nombre d’objectifs et de cibles. 

Il s’agit ainsi de faire évoluer en profondeur le paradigme de la conservation, en soulignant que  l’avenir de la faune sauvage se joue autant dans  des territoires communs avec les communautés  humaines que dans des sanctuaires protégés. 

En Afrique, pour lutter contre la fragmentation des habitats,  des décisions de planification éclairées peuvent  donc déterminer l’avenir d’une grande partie de  la flore et de la faune sauvages : soit  un confinement dans de grands parcs avec une  fragmentation génétique des populations, soit une  mise en réseau via des corridors écologiques où la  cohabitation entre l’homme et l’animal est gérée  de manière à assurer des moyens de subsistance  durables pour les communautés locales. 

C’est dans ce cadre, à Montréal, qu’une coalition  internationale pour les corridors de biodiversité  en Afrique a été lancée. Co-présidée par le  Gabon, la Guinée, la Tanzanie et la France, avec  un secrétariat assuré par l’association Climate  Chance, la coalition vise à rassembler tous les  acteurs œuvrant pour le maintien et la restauration  de ces corridors : acteurs publics et privés, ONG  de conservation comme de développement,  organismes de recherche…

 

Evènement de lancement de la Coalition Internationale Corridors de Biodiversité en Afrique, Décembre 2022, Montréal

 

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Gouvernance

Depuis le lancement de la Coalition internationale corridors de biodiversité en Afrique, Climate Chance, en tant que secrétaire de la coalition, a d’abord cherché à identifier les principaux acteurs intervenant dans ce domaine. Ainsi, pour le lancement de la coalition lors de la COP15 Biodiversité à Montréal, nous avons mobilisé et rassemblé très largement les acteurs, soulignant par là même, la dynamique existante autour de cet enjeu.
Aujourd’hui, la Coalition se structure autour d’une gouvernance fluide, fondée sur l’expertise, le partage et le consensus.

• Le Comité d’Orientation Stratégique
Co-présidé par la France, la Guinée, la Tanzanie et le Gabon, le Comité d’Orientation Stratégique définit les grandes orientations de la Coalition. Il tient un rôle stratégique puisqu’il détermine la feuille de route et les orientations stratégiques de la Coalition : il construit une vision partagée des enjeux de la Coalition. Il est composé des pays partenaires, des financeurs ainsi que des représentants des groupes de travail.

• Le Comité Scientifique
Les membres du Comité scientifique offrent leur expertise en tant que membres de la Coalition internationale Corridors de la biodiversité en Afrique. Il regroupe des personnalités indépendantes qui sont chargées de garantir la rigueur scientifique de la démarche (données mises en ligne, production de documents et outils d’analyse: cartographie, études). Il valide les recommandations émises par les membres des groupes de travail spécifiques. Il exerce une fonction de veille sur les publications scientifiques et les recherches en cours. Ses membres représentent des organismes de recherche ou sont présents à titre individuel. Il est associé à la réflexion des groupes de travail. Ses productions sont publiées sur le site internet dédié.

• Des groupes de travail
Les partenaires techniques de la Coalition sont membres de ces groupes. D’autres structures de référence peuvent également y adhérer. Ils sont dédiés à définir une méthodologie selon une approche commune pour traiter des enjeux relatifs à la connectivité écologique, définis en fonction des grandes thématiques de la Coalition, et à dégager des pistes d’engagements concrets afin de suivre leur mise en œuvre.

– Groupe de travail Cartographie
Ce groupe de travail, composé des grands acteurs de la connectivité écologique à l’échelle mondiale, a pour rôle de définir les routes de migration et les grands axes de connectivité existants en Afrique, selon une méthodologie de collecte de données organisée bien définie. Il référence les grandes zones à enjeux avec, notamment, le repérage des projets nécessitant un financement.

– Groupe de travail Financements innovants et mécanismes de compensation
Ce groupe étudie les avancées sur la question de la finance pro-nature et des mécanismes en cours de développement. Plus largement, il aborde la question du financement de projets dédiés à la connectivité écologique, au-delà des modèles traditionnels de financement. Il fait un focus particulier sur le marché de la compensation volontaire et l’intégrité du marché carbone.

– Groupe de travail Plaidoyer et Gouvernance
Le groupe de travail Plaidoyer et Gouvernance fait un état des lieux de la connectivité écologique et de son intégration au sein des systèmes politiques et juridiques en Afrique. Il réalise une étude comparative des cadres existants. Via l’élaboration de recommandations, il œuvre à la définition d’instruments permettant de créer les conditions favorables à son insertion au sein des politiques locales, nationales et régionales (transposabilité des cadres de référence). Il développe et met à disposition des analyses et des outils plus opérationnels (formation des acteurs stratégiques, renforcement des capacités des communautés…). Pour ce faire, il se concentre sur deux sujets majeurs :
– Les conflits homme-animal
– Les interruptions de corridors

• Le secrétariat 
Le secrétariat de la Coalition est chargé de l’animation de la Coalition, de la coordination et de la bonne cohérence des activités et de son fonctionnement. Il veille au respect des principes phares de sa gouvernance et de sa stratégie. Il communique collégialement sur ses documents de travail (plans d’action, programmes de travail…). Il a pour rôle d’assurer à la fois la transparence des activités de la Coalition et de celle des données échangées entre ses membres. Il dispose pour cela d’une équipe dédiée, dont l’Observatoire Climate Chance Afrique est également membre. En effet, il exerce une fonction de veille sur les publications scientifiques, les recherches en cours et plus globalement sur les projets menés par les membres de la Coalition. L’association Climate Chance renforce les dynamiques d’acteurs au sein de la Coalition et favorise le dialogue entre l’ensemble des parties prenantes.

 

Missions

CONVERGENCE DES INFORMATIONS
La création de la Coalition Internationale Corridors de Biodiversité en Afrique part tout d’abord d’un constat : l’absence d’espace d’échanges entre l’ensemble des acteurs travaillant sur ces questions. Beaucoup d’ONG, internationale ou locale, développent sur le terrain des actions de grande qualité, mais les espaces de dialogue, de retour d’expérience sur les réussites et les difficultés rencontrées, restent peu nombreux.  À travers un site dédié, la coalition offre ainsi à l’ensemble des acteurs concernés par le sujet de la connectivité écologique, un portail opérationnel pour faire converger les informations. Il s’agit aussi de présenter un « mapping » aussi exhaustif que possible des actions de corridors et des territoires à enjeux. Aujourd’hui, ce travail de cartographie n’existe pas à l’échelle de l’Afrique.

PARTAGE DES CONNAISSANCES ET RENFORCEMENT DE CAPACITÉS
Il s’agit d’analyser la synergie entre les politiques publiques nationales et les actions de terrain.  Des pays, comme la Tanzanie, ont adopté des législations importantes concernant les corridors de biodiversité, créant un cadre favorable à la conservation et au développement. Analyser et faire connaître ces législations est un des objectifs de la coalition.

L’évolution des recherches, la publication de nouvelles études sur les corridors, feront l’objet de toute notre attention, et seront mentionnées dans le fil d’actualité de notre site.

RECHERCHE DE SOLUTIONS DE FINANCEMENT INNOVANTES
Les modes de financement de la conservation et du développement s’avèrent être en forte mutation.  Dans ce contexte, la coalition se donne aussi pour objectif de réaliser une veille et de diffuser de l’information sur les nouveaux financements, la mobilisation de la finance climat et l’évolution des standards, l’impact en termes de développement au bénéfice des populations locales

ÉMERGENCE DE PROJETS
Il s’agit par la mise en contact des acteurs de favoriser l’émergence, la consolidation, le développement de projets de connectivité sur le terrain et, d’accompagner les porteurs de projet  par l’échange de connaissances, la mise en  relation avec des financeurs potentiels.

Nous ambitionnons, à travers la cartographie des grands corridors, de visualiser des territoires à enjeux, d’y susciter de nouveaux projets.

Plaidoyer

UNE IMPORTANTE ACTION DE PLAIDOYER
La Coalition mène une stratégie active de plaidoyer en faveur de la connectivité. Elle est présente dans les grandes conférences internationales sur la biodiversité mais elle porte également cet enjeu dans d’autres enceintes : COP climat, sommets sur le développement, sommets annuels Climate Chance Afrique…

Un plaidoyer central : la recherche de financements innovants

Tant le monde de la conservation que les acteurs du développement recherchent de nouveaux modèles de financement générateurs de revenus pérennes, au profit des populations locales et valorisant l’ensemble des services écosystémiques rendus par la faune sauvage. Il s’agit de contribuer ainsi à la définition de nouveaux standards inter nationaux d’analyse des impacts, selon une méthodologie applicable et réplicable, intégrant des co-bénéfices climat-biodiversi té-développement. La coalition a ainsi pour objectif d’initier un dialogue et de débattre autour de ces solutions de financement, en étant particulièrement attentive à l’impact pour les populations locales qui doivent en être les principales bénéficiaires.

LES ACTIONS DÉPLOYÉES DEPUIS UN AN
En 2022, plusieurs événements et interventions ont été organisés en amont de la COP15 : un side-event  en partenariat avec WWF International lors du 1er Congrès africain des aires protégées à Kigali ;  une journée spécifique sur la biodiversité, la connectivité écologique et la Grande Muraille Verte lors du  Sommet Climate Chance Afrique à Dakar… Le lancement officiel de la coalition corridors de biodiversité en Afrique a eu lieu en décembre 2022, à la COP15 Biodiversité, sous la co-présidence de la  République française, de la République du Gabon,  la République de Guinée et la République Unie de  Tanzanie, en présence des ministres et personnalités  compétentes.

En 2023, une première réunion stratégique a réuni les membres de la coalition, à l’occasion du One  Forest Summit à Libreville, au Gabon, afin d’acter sa  feuille de route. La coalition a ensuite participé activement à plusieurs événements internationaux pour présenter ses travaux et mener des actions de plaidoyer sur la connectivité écologique. Lors de  la COP28 à Dubaï, Emirats Arabes Unis, elle a organisé deux side  events, l’un dédié à la question de la connectivité  écologique et à la convergence des agendas climat-biodiversité, en partenariat avec le Secrétariat  de la Convention pour les Espèces Migratrices (CEM)  et le Center for Large Landscape Conservation  (CLLC), l’autre, dédié aux initiatives émergentes sur  le sujet de la connectivité écologique en Afrique de  l’Ouest (dont le projet démonstrateur « Corridors de  biodiversité en Guinée »). Elle a également organisé des événements lors du Sommet des Trois Bassins en République du Congo, en partenariat avec la Comifac, Conservation International et l’IFDD; lors  du Future Fabrics à Londres, en partenariat avec  LVMH ou encore lors des Assises Européennes de la  Transition Énergétique, en France.

2024 est une année de déploiement décisive pour la Coalition, en lien avec les grands événements  « climat-biodiversité ». En Février 2024, la Coalition a officialisé son adhésion au Partenariat Mondial pour la Connectivité Écologique lors de la COP14 de la Convention sur les Espèces Migratrices (CEM), à Samarcande  (Ouzbékistan). Cette initiative majeure sous l’égide des Nations Unies, portée par la CEM, vise à identifier, protéger, connecter et gérer efficacement les sites importants pour les espèces migratrices. Le partenariat inclut un grand nombre d’organisations de la conservation internationale (Center for Large Landscape Conservation, la Convention sur la diversité biologique, la Convention sur les zones humides, l’Union internationale pour la conservation de la nature, le Conseil international pour les initiatives écologiques locales, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, le Centre mondial de surveillance pour la conservation du Programme des Nations Unies pour l’environnement, et le Fonds mondial pour la nature).

A l’agenda également en 2024, de nombreuses manifestations de plaidoyer, notamment la COP16 de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB)  à Cali, en Colombie.

Dans les médias

  • CEM (Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage)/WWF/UICN/OneEarth  : “Une nouvelle initiative mondiale majeure pour protéger et connecter les zones naturelles, lancée lors de la réunion des Nations Unies sur les espèces sauvages” (14/02/2024)
  • Beauval Nature : Reconnecter les espaces naturels sur le continent africain
  • Conservation corridor, the IUCN Connectivity Conservation Specialist Group’s blog :  “Connectivity for climate resilience at UNFCCC / COP28” ( 18/12/2023, en anglais seulement)
  • Afrik21 : “One Forest Summit : ne pas en rester là…” (29/03/2023)
  • Science Nigeria :”International Coalition On Biodiversity Corridors In Africa To Be Launched At COP15″ (14/12/2022, en anglais seulement)
  • VivAfrik : “COP15 : La Coalition internationale corridors de biodiversité en Afrique sera lancée à Montréal”, Canada (14/12/2022)
  • Afrik : “Climate Chance : lancement de la Coalition internationale corridors de biodiversité en Afrique” (13/12/2022)